L'entretien motivationnel (EM)

Ceci est une brève introduction à l’EM avec un exemple puisé dans mon expérience de remédiation scolaire. C’est suivi, pour ceux qui veulent en savoir plus,d’une synthèse plus développée de ce que j’ai retenu de mon étude de l’EM avec un nouvel exemple. 

L’entretien motivationnel vise à aider la personne à :

  • Trouver elle-même des solutions de changement.
  • La guider en lui posant des questions et en l’invitant à s’en poser.
  • L’orienter en lui fournissant, avec son consentement, des informations et des conseils, tout en lui demandant ce qu’elle en pense.

Il est généralement contre-productif de promouvoir les raisons du changement et de répéter ce que l’interlocuteur sait déjà concernant les solutions et les ressources qu’il possède peut-être mais qu’il occulte car la posture haute corrective provoque souvent une réaction contradictoire. En revanche, l’entretien motivationnel invite à mieux écouter l’ambivalence de l’interlocuteur vis-à-vis de ses raisons de changer ou de ne pas changer. Après l’avoir interrogé sur ses raisons et ses solutions de changement, il est opportun de solliciter sa permission avant de lui donner des conseils et des informations, puis de lui demander son avis. Il est primordial que cela ne soit pas perçu comme des arguments d’autorité ou une volonté de convaincre.

 

Les 4 questions de base à poser :

1.Pourquoi voudriez-vous ce changement (qu’avez-vous à y gagner) ?

2. Comment pourriez-vous vous y prendre pour mener à bien ce changement ?

3. Et maintenant que comptez-vous faire ? C’est la question de l’engagement.

4. Qu’est-ce qui pourrait vous empêcher de le faire ?

 

Il convient aussi:

1. d’aider à l’expression des résistances et à l’anticipation des difficultés de mise en place de ses résolutions.

2. de reformuler les réponses pour vérifier notre compréhension et valoriser le point de vue de l’autre.

 

Voici un entretien motivationnel typique de ceux que j’ai avec mes élèves adolescents. A noter que mes entretiens sont souvent enrichis d’autres influences telle la PNL. A noter aussi que j’ai cherché la concision dans le rendu de cet entretien.

Un entretien motivationnel scolaire avec un adolescent : 

  • Bonjour pour quelle raison es-tu venu me consulter ?
  • Mes parents m’ont poussé à le faire parce qu’ils s’inquiètent de mon manque de travail scolaire.
  • Tes parents ont-ils raison de s’inquiéter de cela ?
  • En effet, mon année scolaire est en danger car j’accumule les échecs.
  • Quelles sont les raisons de ces échecs ?
  • Essentiellement mon manque d’étude.
  • Je te félicite pour cette honnêteté. Tu es donc d’accord avec tes parents sur ce point. T’inquiètes-tu aussi de ta réussite scolaire ?
  • À vrai dire oui parce que je voudrais faire des études d’ingénieur.
  • D’une part tu me dis que tu mets ta réussite scolaire en danger à cause de ton manque de travail et d’autre part tu me dis ton ambition d’être ingénieur.
  • Es-tu d’accord que je te questionne pour t’aider à voir plus clair dans tes motivations?
  • Oui
  • En quoi l’accès à ces études est-il important pour toi?
  • Les sujets abordés dans ces études m’intéressent beaucoup. C’est bien sûr une formation exigeante mais je serais très fier de surmonter ce défi et d’avoir un titre d’ingénieur.
  • Ce sont donc des études passionnantes et prestigieuses pour toi.
  • Quels avantages vois-tu pour ton avenir avec un diplôme d’ingénieur ? Les ingénieurs sont très recherchés.
  • C’est clair pour moi, que ce diplôme me donnera accès à des fonctions qui m’intéressent.
  • C’est vrai qu’un tel diplôme ouvre beaucoup de portes. Que te vient il comme images, impressions et pensées quand tu penses à de telles perspectives ?
  • Je me vois dans un bureau lumineux travaillant sur un projet qui demande de la créativité et des connaissances techniques. J’ai aussi le plaisir de m’imaginer en interaction dans une équipe, plutôt en tant que leader.
  • Reste un moment avec cette vision. Que ressens-tu dans cette situation imaginée? …
  • De la joie. De la fierté.
  • Montre-moi la posture que cette sensation de fierté imprime dans ton corps…
  • Je me tiens droit, je parle avec aplomb.
  • Observe ta respiration.
  • Ma respiration est calme et profonde.
  • Cette vision de toi pourrait-elle, d’une certaine manière, fixer un objectif?
  • Oui c’est vrai, c’est comme ça que j’y pense.
  • Te sers-tu de cette pensée pour te mobiliser dans tes études actuelles?
  • Je pourrais en effet. Quand je suis dans ma chambre devant mon bureau je trouve toujours mieux à faire que d’étudier.
  • Tu fais quoi d’autre, par exemple?
  • Le smartphone est souvent pour moi un échappatoire. Je me dis “aller je vais juste jeter un coup d’œil sur les réseaux sociaux ou sur une vidéo divertissante, j’ai bien le droit de me détendre un peu” et me voilà embarqué pour au moins une heure. C’est comme une drogue, je ne vois pas passer le temps jusqu’à trop tard pour m’y mettre et je me sens coupable.
  • Si je te comprends bien, ton smartphone te pousse à la procrastination. Une fois le pied à l’étrier, c’est plus toi qui conduis.
  • Pourquoi te sens tu coupable?
  • Parce que je vais arriver à rien comme cela. C’est un sabotage de mes ambitions.
  • Tu vois ce que tu perds à te saboter mais qu’est ce que tu gagnes?
  • C’est un rideau pour pas assumer les choses à faire.
  • Est ce l’homme que tu as envie d’être ?
  • Non
  • Quel homme as tu envies d’être?
  • Un homme qui prend le volant de sa vie et qui est clair avec ses engagements.
  • Quels bénéfices une telle attitude va-t-elle t’apporter ?
  • De la fierté. Un sentiment de maîtrise et de paix. La satisfaction de mes résultats et d’avancer vers mon but professionnel.
  • Place ta main où tu sens l’émotion dans ton corps quand tu me dis ça… et observe ta respiration…
  • Quelle solution pourrais-tu trouver à ce problème de mise au travail ?
  • Je pourrais laisser mon smartphone dans une autre pièce mais je ne me fais pas trop confiance pour résister à la tentation.
  • Puis-je te proposer une stratégie ?
  • Oui, certainement.
  • Je vais te proposer de mettre mentalement en scène ce conflit en toi et je vais te décrire la stratégie à mettre en place.
  • Ok
  • Si c’est ok pour toi, ferme les yeux et revisite un de ces moments charnière où d’une part tu as envie d’avancer dans ton travail et d’autre part tu as envie de visiter tes réseaux sociaux… Tu y es ?
  • Oui.
  • La première étape est un stop où tu prends le temps d’observer ce qui se passe en toi.
  • Ensuite tu remplaces “d’abord 5 minutes dans mon smartphone » par «d’abord 5 minutes dans mon cours “
  • Imagine-toi maintenant devant ton cahier ouvert, environ 5 minutes plus tard te posant la question “je continue à travailler ou je rejoins mon smartphone dans l’autre pièce?”
  • À chaque étape pense à ce que tu vas gagner comme on l’a fait ensemble (images, sensation, posture, respiration).
  • Qu’en penses-tu ?
  • Je suis pleinement partant.
  • Super. Quelle confiance as-tu dans ton engagement à appliquer cette stratégie sur une échelle de 1 à 10?
  • 8/10
  • Pourquoi pas 6/10?
  • Parce que les bénéfices sont clairs pour moi.
  • Super. Vois-le comme un excellent travail mental et n’oublie pas que, comme pour arrêter de fumer, les rechutes font partie du trajet. Je te propose de tenir un journal de tes victoires sur toi-même, surtout celles qui te semble les plus petites, avec le projet de m’en faire part la prochaine séance.
  • D’accord, merci beaucoup.
  • C’est un plaisir.